
POVERO #03
Malgré les efforts déployés par la bête afin de se terrer loin de tout, les douze titres laconiques de ce troisième album regorgent d’échos du présent. Un jeu de cache-cache avec le monde en train de se faire. Garder un peu de distance sans ignorer son temps ; jouer en marge sans se mettre à l’écart… Plongées dans des arrangements plus dépouillés, les mélodies désabusées de l’homme orchestre s’affirment plus doucereuses, retenues. Des cuivres voilés aux synthés heurtés, les expérimentations sonores se postent sur des rythmiques assoupies tandis qu’une guitare plus libre vient s’abandonner au vide. Innocence, inquiétude. Rêverie ou torpeur. Peuplant ses mots de toutes les sortes de moutons à cinq pattes, Povero façonne une nouvelle fois sa calme noirceur mélancolique.
L’ALBUM
CREDITS
Paroles et musiques par POVERO.
Avec les participations de Paolo D. au hautbois et au chant; Giovanna D. à la clarinette. Enregistré entre 2017 et 2019 au studio de La Mouette Métalliques Films à Montpellier, France. Graphisme Papier & Web par Povero & La Mouette Métallique Films.
Merci encore à Maixent D., Julien D. et Benoît P. pour leurs relectures indispensables.
©2020 – Povero & La Mouette Métallique Films
Liste des titres
01 Intro (1:04)
02 Il se peut (4:38)
03 La nef des fous (3:58)
04 Courez (3:32)
05 La Courte Échelle (3:00)
06 L’Homme de l’Automne (5:08)
07 Moutons (2:31)
08 Belero (3:53)
09 Megalomniscient (4:25)
10 Pao (2:18)
11 Nocturne (3:13)
12 Les Milliers (4:45)
Durée Totale (42:29)
TEXTES
IL SE PEUT(4:38)
Il se peut que nos pères, soient bien morts, pour de vrai
Il se peut que nos mères, aient eu bien tort ,de le cacher
Il se dit que nos frères, Ne seront pas, Assez forts
Il se peut même que nos choix ne, valent pas plus que leurs torts
On a vu sur le sable, et leurs efforts, et leurs corps morts
On a su qu’à leurs âges, on y croyait encore
Il se dit que leurs voix errent au fond de nos ports, de nos ports
Il se peut que nos choix ne, reglent plus que leur mort
Il se peut même que nos lois, nient leur sort
Il se peut même que nos choix, nient leur sort
Qui aurait dit qu’ils auraient dû, qui aurait vu qu’ils avaient l’air
Qui aurait cru que nos pères nos mères
Qui aurait cru que nos soeurs nos seuls freres
Qui s’était dit qu’Eldorado pourrait
Qui s’était cru sur un bateau crever
Qui aurait vu, qui aurait pu, qui aurait du l’cacher
Qu’sur la terre comme au ciel, c’est sous la mer qu’on traine
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Sur la terre comme au ciel sous la mer on m’entraine
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils auraient dû
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils avaient tort
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils avaient tort
Qui aurait dit qu’ils avaient tort
Qui aurait dit qu’ils avaient tort
Qui aurait dit qu’ils avaient l’air
Qui aurait dit qu’ils avaient tort
Qui aurait dit qu’ils avaient l’or
LA NEF DES FOUS (3:58)
Il y a parmi les fous des capitaines, des séraphins
Qui dorment au son des litanies désespérées des morts
Du confin plat des assassins, les disparus des capitales
Attendent aux portes des murailles qu’on clochesourde leur ripaille
Ils se méfient de nous, du naufrage des fous, tu recules
Il y a même ceux qui espèrent, ceux qui resquillent, à mort
Donnez-nous des capitaines, décapités au chalumeau
Des répugnants tout répudiés, des revenants ravivés
Donnez-nous leurs corps, donnez-nous de l’or
Donnez-nous ces morts qu’on fête et puis qu’on met dehors
Ils s’approchent de nous, notre nef de fous
Il y a même ceux qui espèrent, ceux qui respirent
La nef des fous, des fous
COUREZ (3:32)
Courez, si ça vous chante,
Moi j’en ai plus le temps
Plus jamais
Laissez moi là
Pour que ça rentre
On sait jamais
Le temps
Tranchez, tranchez, tranchez
Si ça vous tente
Moi j’ai plu d’croix
Non, plus jamais
Ça oui ça y est, faut pas qu’on s’mente
C’est plié, plié, plié, plié
Pour longtemps
Et tirez, si ça vous manque
Là, dans le bout de gras, c’est parfait
Et puis laissez-moi là
J’ai gagné, j’ai gagné, pour longtemps
Ah laissez-moi là, Ah laissez-moi là
M’avilir, ma vie libre, ma vie libre, m’avilir, ma vie libre , m’avilir, ma vie libre.
LA COURTE ECHELLE (3:00)
J’suis remonté tout en haut de la courte échelle pour ne plus voir venir, à moi ceux et celles
Qui astiquent mon cas devant l’éternel d’un verbe sournoyant, pioché dans leurs pucelles
Juché bien au sommet du mont des merveilles j’me suis pris à songer sur mes deux oreilles
Ah! L’éternel ébat, l’indépendance pure, ouste répudiation, mallarmant azur
L’impénétrable voix, là, m’a pris par derrière m’a volé dans les poils de son air sévère
D’un zéphyr bien dardé : de mots, de prières m’a sournoyé mon cas selon son réverbère
« Prends garde aux chiens cerbères, méfie-toi de leur ronde, laisse pas chuchoter, aie peur que l’heure gronde;
mille lances émoussées, tuent même une colombe; volerait-elle si haut, couverait-elle dans l’ombre“
D’une aile enclin à rire, je l’ai congédié:comment tomber si bas, quand on parle de si haut !
Car perché comme j’l’étais, à quoi bon me l’ouïre à son frisson d’été, j’ai préféré reluire
Malheur en bas elle a crié, j’aurais pas dû m’faire tendre
Pour un peu chevalier, j’aurais pas dû me prendre
Faut dire que le malheur, l’avait mise en désordre
Que l’onde de ses pleurs donnait envie de mordre
Elle s’appelait marie, elle avait perdu son fils; elle l’appelait chérie, il s’était envolé;
avec un vieux barbue, tout parfumé de myrte;qui aurait convolé, la fleur consacrée
Écourtant ses veuvages avec mes audaces, je lui touche la main à la bonne place
Elle agrippe: « Chéri ! On t’a reconnu ! »Ils se sont tous jetés dans notre intimité
L’une me cognait fort, l’autre me découpait; le troisième fainéant, voulait l’abatage:
Qu’on me truffe sept fois, pour mon air de sage, me disperse en azur au-delà de nos murs
Alors j’y suis monté sur leur grande échelle; tous là ils sont venus avec l’étincelle
ils ont crié : »au feu ! », c’est tout naturel; en finir de mon cas, et la paix éternelle
Est bien sûr revenu monsieur les bons conseils; à foison chuchoter, au fond de mon oreille:
« T’aurais pas dû tu vois, déflorer leur airelle; finis les jeux de doigts et la barbe aux merveilles »
Et là cloué en haut de cette grande échelle, avec plus rien entre moi et les feux du ciel;
« À l’aide ! » Je lui ai crié à l’autre hirondelle: « Jure pas qu’ça t’a déplu, vous êtes tous pareils »
L’HOMME DE L’AUTOMNE (5:08)
Perdu dans sa tête, l’homme de l’automne butte
Contre des parois qui ressassent, ses morceaux de passé,
Ses absences de tact, sa contrefaconde asséchée,
Cousu de larmes blanches tout lui revient où qu’il soit, quoi qu’il tente
Du haut de son amour pour une qui ne s’aimait qu’elle
Songeur éperdu qui caresse les mondes dépassés
Pourvu qu’il y repasse, ow, qu’elle y soit, bien qu’il sache
Qu’elle se fout bien de ses doutes, de l’autre côté de ses hanches
Inutile, peut-être de garder dans sa tête
Certains de ces souvenirs funestes, de ces morsures du passé
De celles qui attisent, puis soudain s’amenuisent
Crevant les yeux du malheureux, brûlant
Butté buttant, sur le néant
MOUTONS (2:31)
Moutons noirs et claudiquant, combattent le monde à contretemps et
Moutons noirs impertinents supportent de forts désagréments
Mouton blanc cache ton flanc, car importuné par tes ailes
Mouton blanc complétement inintéressant
Mouton gris passe sa vie à nourrir ses deux ânes
Mouton gris sans poésie, oscille aussi, du vague à l’âme
Mouton rose frappe ton sang dans de nocturnes métamorphoses et
Mouton rose à de la nuit repoussé son alcôve
Moutons mes moutons, moutons combien sont
Moutons mes moutons, moutons combien sont
Tous ces moutons, tous mes avis, qui en reprend qui s’en dédie
Tous ces hérons, tous mes amis, claquent des dents, au paradis
Lors mouton blanc au lupanar, ou mouton noir à bon escient
Et même rose ou gris naissant, claque des dents oh mon bêlant
Claque des dents mon bêlant, Meuh…
BELERO (3:53)
Ah bel héros, où t’en es mon clown,
Combien tu leur en as mis de notes, sur le tapis coûte que coûte
Ah bel héros t’en as pris pour ton grade mon salop,
À jeter ton lard aux chiens, t’es plus l’gâté du château, hein
Mon bel héro aux yeux vitreux, à la main baladeuse,
À la dent crochu, et au cœur laborieux
Fais le beau,
Lève bien haut
Trois jolis tours et puis s’en va
Ah mon bel héros, t’en as ramassé du caillou
T’en as attrapé des bien gros, dans ta besace mon crapaud
Ah mon héros, mon lutteur, mon faillot, mon frérot
Mon sale type qu’a bien sauté dans l’eau
Allez monte plus haut, monte plus haut, mon héros
Trois jours et puis
Trois jours et puis
Trois jours et puis s’envole.
MEGALOMNISCIENT (4:26)
Tiens ! Bon à rien, fainéant, parasite, ventre mou
Bohémien
Va nu pieds, profiteur, bucolique,
Attaque
Sacrifie, un peu , à la figure imposée
Nom de Dieu
Donne à manger au temps qui passe
J’veux plus, non pas, j’reste là j’avance plus
J’dis jamais c’que j’pense j’voudrais pas passer pour un…
Megalo martyr, Mégalofainéant, Mégalomniscient, Mégalo rien du tout
Megalonarcisse, Mégalonarcisse, Mégalomane
Donne, Donne à manger au temps qu’il faut.
LES MILLIERS (4:45)
Y’a des milliers d’autres choix, pas des milliers d’autres fois
Oh les milliers d’autres voies
Oh les millions
Oh les milliers d’autres temps
Les millions
Oh les milliers d’autres temps
Tant de milliard d’autres champs
Oh les milliards d’autres chants
Et les millions d’errants
Y’a des milliards de raisons
Y’a des milliards de façons
Et des milliards de millions
Et les millions
Et les millions de temps
Et les millions
Et les millions de temps